Songeur, Mexel resta immobile de longues heures au sommet du village.
Les villageois, restés fêter jovialement le retour des soldats partis bravement piller les villages avoisinants, s'empiffrèrent tant qu'ils purent. La bière inondait les travées du village, les sangliers gisaient, rotis, sur la place du village et les rires des villageois raisonnaient à grands bruits jusqu'aux contrées avoisinantes.
Au matin, le village se réveillait doucement. Tôt déjà, les sages du village se rencontrèrent pour voir le chef Mexel.
Sur les visages des sages se lisait un mélange d'inquiétude et d'optimisme. Tout à fait le sentiment d'hommes rongés par ce que l'avenir leur réserve. L'un deux s'avança, sa barbe blanche lui recouvra presque les joues et les plis de son visage laissa imaginer la sagesse aguerrie par cet homme. Il s'adressa au chef gaulois et lui dit :
"Chef Mexel, les temps ne présagent rien de sain pour l'avenir. Je ne vous apprends rien en affirmant que les alliances qui frappent aux abords de nos territoires dépassent de loin les forces auxquels nous nous sommes joints il y a plusieurs mois. Nos villageois sont vaillants, généreux, puissants, ils méritent de se battre aux côtés des plus forts.
Nous n'avons que faire du manque de stratégie et d'ambition de notre confrérie, des réunions moroses et du manque certain d'appartenance aux valeurs de notre langue"
L'un des autres sages l'interrompit et dit :
"Chef Mexel, est-ce que tu règneras sur nous comme tu l'as promis, en nous offrant le succès et la prospérité? Est-ce que tu rendras aux villageois la confiance qu'ils t'ont offert et feras de Cucufa's Wood un village puissant et respecté?"
Sur ces mots, le chef Mexel leva les yeux, gonfla le torse et expira d'un souffle qui figea les sages en face de lui.
"Aguyr, mon ami, je n'ai pas attendu ta venue pour agir ; dès ce matin, à l'aube, l'un de nos jeunes soldats est parti soumettre aux Fléaux de la Sainte Axe notre requête de candidature. Nous devons compter sur son courage et son opiniâtreté pour nous porter le résultat favorable des votes."
"Par Toutatis, reprit Aguyr, ce petit a entre les mains l'avenir de notre contrée..."